Haut lieu de l’industrie lilloise, Fives-Cail-Babcock est devenu une friche de seize hectares. Que retenir d’un site chargé d’histoire tant pour développer un quartier à sa hauteur et que pour répondre aux exigences contemporaines ? Étendu sur les communes de Lille et d’Hellemmes, ce projet nous montre dans ce temps accéléré des villes, comment renouveler sans heurter un environnement voué à une transformation profonde. Joindre le présent au passé, penser l’urbain sans renoncer au paysage, désenclaver, l’enjeu est de reconquérir suivant les dynamiques d’une métropole qui a toujours été un exemple d’urbanité.
Avec
Frédéric Marchand, maire d’Hellemmes
Caroline Poulin, architecte, L’AUC
Djamel Klouche, architecte urbaniste,L’AUC
Fabienne Duwez, directrice générale de la Société de rénovation
et de restauration de Lille (Soreli)
Jérôme Crunelle, responsable du projet Fives-Cail, Soreli
Bertrand Verfaillie, journaliste, Lille
Comment l’adapter pour le confort et le plaisir de tous ? population sera âgée de plus de 65 ans. Les centres-villes seront particulièrement concernés, attirant les aînés désireux de se rapprocher des commerces, des équipements et des services indispensables. Pour se préparer à cette évolution, des villes de toute taille s’engagent à agir sur l’urbanisme, le logement, les transports, les services de santé, le social, la culture, et la vie associative pour le bien vieillir et le mieux vivre ensemble.
L’espace de la rue en particulier, où se conjuguent qualité de vie et mobilités est un levier puissant d’urbanité. Accorder une attention particulière aux plus vulnérables, équilibrer transit et séjour, garantir l’attrait, l’animation, la sécurité et la convivialité en veillant à la santé des habitants, favoriser le confort, le bien-être, la cohésion sociale, ... c’est oeuvrer pour le bonheur de vivre la « ville ludifiée et lubrifiée » pour tous. Adapter la ville au défi du vieillissement et aux aspirations sociales d’un mieux vivre ensemble, n’est-ce pas simplement mettre l’urbanité et le plaisir au coeur des espaces publics ? C’est l’objet de la rencontre-débat du jeudi 11 juin prochain à Lille (Cerema Direction territoriale Nord-Picardie).
A partir de retours d’expériences diversifiés pris ici et ailleurs, à partir des regards croisés d’acteurs partenaires de projets, ce nouveau rendez- vous de l’inter région nous invitera à en débattre et à nous interroger avec Serge Guérin1, sociologue et grand témoin pour penser autrement la ville demain.
À l’occasion du 5e festival « Jeunes chercheurs dans la cité » qui s’est tenu à Lille et Bruxelles à la fin de l’année 2014, le CAUE du Nord a accueilli le 4 octobre les conférences rassemblées autour du thème « Étude des cités d’antan ».
Nathalie Dereymaeker, doctorante en histoire à l’Université de Louvain a présenté sa recherche sur la place publique dans la ville chinoise traditionnelle et mis en valeur les différences fondamentales qui caractérisent les systèmes urbains chinois et européens traditionnels.
Dans la pensée chinoise, la ville est carrée, close, orientée selon deux axes qui se coupent à angle droit. Les voies secondaires y découpent l’espace selon un échiquier.
Le palais impérial est situé sur l’axe nord-sud. Placé au cœur de la ville et symboliquement de l’univers, le palais fait face au sud.
La ville, à l’intérieur de son enceinte, se divise en plusieurs quartiers séparés les uns des autres par des rues ou des avenues. Chaque quartier est également entouré d’un mur qui ne comporte qu’une seule entrée. Il rassemble plusieurs maisons, chacune munie de sa propre enceinte. La maison est organisée autour d’une cour carrée qui assure les fonctions sociales au sein de la famille.
« Juxtaposition de cellules closes, la ville ne comporte pas de centre ouvert autour duquel se concentre, à partir duquel rayonne l’activité urbaine, et qui correspondrait à l’agora, au forum ou à la place-carrefour *» :
- La cour du palais assume la fonction politique, mais n’est accessible qu’à un petit nombre d’aristocrates et de fonctionnaires.
- Les temples n’assurent pas que des fonctions religieuses, ils accueillent les fêtes, les foires, les spectacles, parfois les marchés,…
- Le marché public se trouve situé à l’origine au nord de l’enceinte de la ville, derrière le palais de l’empereur. Cette position correspond à la situation inférieure dans laquelle se trouvent les commerçants dans la hiérarchie sociale en Chine. Ultérieurement cependant, des considérations plus fonctionnelles viendront remettre en cause le positionnement au nord du marché. Les marchés s’implanteront alors à proximité des portes de ville, là où entrent et sortent les marchandises.
En conclusion, la ville chinoise peut être décrite comme un système de connexions de rues et de nœuds, organisé à partir d’un axe orienté vers le palais impérial, en opposition à la ville européenne articulée autour de rues et de places.
« Le plan chinois centré autour du prince, gouvernant du monde et pivot du cosmos, ou autour de son représentant provincial, s’oppose au centre romain qu’est le forum, symbole des intérêts de la population urbaine, de ses droits et du rôle actif qu’elle joue dans les affaires civiles et religieuses de la cité. L’opposition, sur le plan sociologique, peut se résumer dans le fait que le citadin, en Chine, n’est pas considéré comme un citoyen, mais comme un sujet. *»
* Michèle Pirazzoli-t’Serstevens et Nicolas Bouvier, Chine, Office du Livre, Fribourg, 1970