D'un espace pollué à la reconnaissance partagé d'un patrimoine d'exception
C’est à Auby, commune de 7962 habitants, située dans le Douaisis (Département du Nord) que se trouve le parc Péru. D’une surface d’environ 2 hectares, celui-ci présente la particularité d’accueillir un habitat naturel particulier: des pelouses dites calaminaires qui ne se développent que sur des sols à haute teneur en zinc. La découverte récente de cet habitat botanique dans le périmètre du parc Péru a conduit la Commune d’Auby à entreprendre une réhabilitation ambitieuse et originale.
C’est la combinaison d’événements concomitants et l’ambition portée par les élus qui ont amené la Commune et le Département du Nord à procéder à la reconversion de cet espace pollué.
Ce projet a consisté d’un côté à la restauration et à la protection de cette flore exceptionnelle et de l’autre à la reconversion-dépollution d’une partie du parc en espace public de proximité pour les habitants du quartier.
La réalisation d’un tel projet, aux objectifs a priori diamétralement opposés, n’a pu se faire qu’avec une large concertation des partenaires et des habitants.
Ateliers, jeux de rôles, diagnostics en marchant, réunions publiques, articles dans la presse locale, visite en Belgique sur un site de même nature, sont autant d’outils qui ont permis de mobiliser les acteurs et de qualifier le projet. Aujourd’hui, ce parc atypique et hors du commun génère des dynamiques et ouvre des perspectives pour l’avenir du quartier, de la commune et du territoire qu’il s’agit maintenant de transformer en conditions du succès…
Son aménagement est le résultat d’objectifs diamétralement opposés. Le choix de la préservation d’un espace pollué est une démarche audacieuse. Ce choix porté par Monsieur Freddy Kaczmarek, Maire d’Auby, n’a pu être accepté qu’à travers une démarche ambitieuse d’information et de concertation menée grâce au savoir-faire du CAUE du Nord. Il s’appuie également sur le soutien inconditionnel du Conseil général.
Cet aménagement offre le double intérêt de conserver un patrimoine naturel original et de garder une trace «vivante» de l’histoire du lieu. La présence des pelouses calaminaires apparaît ainsi comme le marqueur, le traceur d’une pollution historique. La faire disparaître sans avoir la garantie absolue de l’innocuité des sols en place ou à proximité pourrait correspondre à une tentative de masquage de la pollution... Son maintien en place, visible, avec une communication adaptée correspond plus à offrir un support de la «culture du risque» et un support à la mémoire du lieu.
La concertation mise en place a également permis le rapprochement efficace de deux collectivités qui au delà de la logique d’un co-financement, ont su développer des démarches de partages d’information, d’expériences, d’expertises ... et réaliser en commun des chantiers de gestion et de reconquête des espaces publics. L’aménagement du parc Péru participe ainsi au changement de culture des collectivités et des acteurs. Il peut également correspondre à un site Espaces Naturels Sensibles poussé à l’extrême dans ses fonctions et qui présentent sans ambiguïté la double vocation souhaitée par le législateur: protection d’un patrimoine naturel exceptionnel et ouverture (totale) au public de celui-ci.



